(Pv Drogon) Seule... ?

Les lueurs pâles de l'aube illuminaient la cime des arbres. Un froid automnal s'était imposé au plus profond du bois et les feuilles des arbres commençaient déjà de tomber.
L'herbe s'aplatissait sans bruit sous des pas souples et feutrés qui s'accompagnaient au vent frémissant qui chuchotait dans les arbres.
C'était une jeune femme, dont les longs cheveux blonds s'agitaient légèrement tandis qu'elle s'avançait dans le bois d'une sérénité immense.
Armanth.
C'est ainsi que l'avait nommé Elgron. Et désormais, il avait été enlevé. La seule personne qui comptait pour la jeune fille était partie et personne ne semblait vouloir la lui rendre.
Alors que le soleil finissait sa course dans le ciel, une lueur rougeâtre emplit la forêt et le froid commença de  réellement s'installer dans l'atmosphère. Mais après tout, Armanth ne s'en souciait guère. Tout ce qui lui importait était de retrouver son cher et tendre père adoptif.
La jeune fille finit néanmoins par s'asseoir sur un rocher que la lueur crépusculaire éclairait de son manteau flamboyant.
Se repliant sur elle même pour éviter le froid, la jeune fille se mit à réfléchir.
Il lui semblait s'être passé une éternité depuis la dernière fois qu'elle avait fait cela et étant partie sans vraiment d'idées, il était temps qu'elle songe enfin à la situation.
Elle était seule, sans carte, ni boussole et son seul repère étant la mousse des arbres (qui poussait uniquement au nord), cela ne l'aidait qu'à peine.De plus, elle ne détenait que très peu de provisions qui ne lui suffiraient jamais assez pour se rendre jusqu'à Neii-Shaär.
Armanth en vint donc à la solution qu'elle devait passer par Muü, la ville des humains.
La jeune fille n'en savait que très peu sur cette cité aux allures étranges. En effet, Elgron ne lui avait guère parlé de cet endroit. Il lui avait juste dit que c'était le seul endroit où il était légal de posséder des esclaves et qu'il était déconseillé de s'y rendre si l'on n'était pas humain.
Mais Armanth n'en avait que faire. Il lui faudrait s'y rendre pour prendre nourriture et carte. De plus, son physique n'était que très peu différend de celui des hommes, elle était persuadée que seulement une poignée de personnes se  rendraient compte de sa véritable race.
Ainsi Armanth décida de sa prochaine étape.
Bien entendu, elle en était encore loin et il lui faudrait traverser des forêts et escalader des montagnes pour y parvenir. Mais il le fallait.
Et après tout, q'y perdrait-t-elle ? Elle n'avait plus que cette mission dans sa vie, elle n'avait en aucun cas envie d'abandonner, Elgron avait besoin d'elle, Armanth en était persuadée.
Cette dernière finit par se relever, remarquant soudainement que le soleil avait disparu et que le rideau sombre de la nuit s'apprêtait de tomber, lentement et sans bruit.
Armanth d'enveloppa dans son manteau et entreprit de chercher un endroit où dormir.
Elle finit par tomber sur une vieille cabane de chasseur dont la moitié du toit s'était effondrée et dont la porte qui, autrefois, avait dû être de bois, n'était plus qu'un large espace vide où seuls les gonds résistaient encore au temps.
Armanth s'engouffra néanmoins dans l'ouverture et ne put s'empêcher de faire une grimace en voyant les lieux.
Le sol couvert de mousse était humide et peu accueillant, tandis que la paillasse, ou du moins ce qu'il en restait, n'était que lambeaux et moisissures.
Armanth ravala sa salive et s'avança dans l'obscurité de l'endroit. Elle s'assit non sans dégout sur le lit et contempla le plafond.
Lui au moins n'était pas si en mauvais état que ça. S'il y avait un énorme trou au beau milieu de la pièce, le reste était quasi intact et la protégerait quelque peu du froid nocturne.
Peu à peu, alors que jeune fille s'installait dans son humble logis, la nuit tombait et bientôt le noir prit place à la lumière et Armanth fut contrainte d'aller se coucher.
Elle s'était en effet promis d'allumer une bougie qu'en cas de grande 'nécessité et elle n'avait aucune envie d'user sa seule source de lumière.
Elle ferma donc les yeux et un flot de pensées lui traversa l'esprit.
Il lui arrivait souvent de réfléchir le soir et cela l'empêchait parfois de dormir.
Néanmoins, la fatigue finit par reprendre le dessus au bout d'à peine une heure et Armanth s'endormit, après avoir réfléchi au trajet du lendemain.

Drogon descendit de son cheval.
Les arbres l'entouraient dans un manteau sombre et envoutant tandis que la nuit s'apprêtait de tomber, lentement, sur Moëra.
Cela faisait un an que Drogon était parti. Un an qu'il avait tué son père, un an que sa mère avait mit fin à ses jours. Mais le jeune adulte n'avait jamais eu autant l'impression d'être proche de cette période qui lui avait été fatale presque autant que ses parents.
Assh hennit, et Drogon retrouva ses esprits. Lorsqu'il était seul, avec son étalon, il était calme et il lui arrivait même de ressentir une sorte de paix l'envahir.
Dès lors que le jour se faisait et que le monde s'ouvrait de nouveau devant lui, la haine le reprenait de haut et il ne pouvait s'empêcher de maudire ce monde.
Tout aurait dut être normal ce soir là. En temps normal, sa colère serait retombée et il aurait pu dormir sur ses deux oreilles.
Mais ce ne fut pas le cas. Drogon avait beau se dire que ce n'était qu'une impression, il ressentait bel et bien une présence, non loin de lui.
Le jeune adulte leva les yeux au ciel et vit apparaître la première étoile. La nuit tombait donc si rapidement ? Assh secoua la tête et bouscula Drogon pour lui dire qu'il avait faim. son jeune maître sortit une carotte de sa besace et la fourra avec précipitation dans la gueule de l'animal.
en temps normal, il n'aurait pas agi de la sorte avec son seul et unique ami. Mais ce silence l’oppressait bien plus qu'aucun silence ne l'avait fait jusqu'alors.
Désormais, il en était sûr, il y avait quelqu'un.
Tenant fermement sa lance, il s'avança parmis les fourrés et les arbres, chaque pas lui rapportant colère et haine. Il sentit l'envie de tuer le prendre irrésistiblement et au fur et à mesure qu'il s'approchait de la proie, il sentait son coeur battre à tout rompre.
Il avait envie de tuer.
Il finit par apercevoir la silhouette en question. Ce n'était pas un humain. Ni un elfe, il en était sûr. C'était une jeune femme dont les cheveux blonds tombaient dans le dos. Elle ne le remarqua pas et elle avançait, semblant chercher quelque chose, un abris peut-être.
Drogon n'avait aucune idée de quelle race elle pouvait être. Elle semblait humaine mais une magie, une aura l'entourait, il le sentait. Etait-elle une âme ? Non, assuérement pas. Elle ne ressemblait pas non plus à une dryade.
Drogon finit par abandonner ses recherches et suivit la jeune femme, en restant assez loin pour éviter de ne se faire remarquer.
Il fut surpris de voir qu'elle ne tarda pas à trouver une cabane de chasseur, à moitié en ruine. Elle rentra à l'intérieur, sans même jeter un regard alentours et ferma la porte à moitié fracassée. Drogon soupira.
Son envie meurtrière s'était apaisée, mais il était encore nerveux et cela ne lui empéchait pas de haïr cette étrange personne.
Il haïssait tout le monde, y comprit lui-même, pourquoi ferait-il exception pour une seule personne de ce vulgaire monde ?
Néanmoins, il sentit que le mépris qu'il avait d'habitude envers les autres n'était pas aussi fort et il s'en inquiéta plus qu'il ne s'en réjouit.
Le jeune adulte finit par se décider à s'approcher de la cabane. Assh avait fini par le rejoindre et s'était allongé sur la mousse, entre deux immenses arbres, à quelques mètres de la cabane.
Drogon s'arrêta devant la porte et resta un long moment à respirer, tenant toujours sa lance. Dans le ciel, les étoiles s'étaient toutes allumées et la pleine lune était étonnement grosse. Il la voyait bien à travers les feuillages et elle le regardait de ses gros yeux, comme pour lui faire passer un message.
C'est ridicule, pensa l'adulte en secouant la tête, la lune n'a pas d'âme, ni même d'esprit. La lune est un gros cailloux qui flotte dans le ciel.
Drogon rangea la lance dans son dos et ouvrit la porte. Après tout, lui aussi avait besoin d'un abris.

Son rêve était particulièrement étrange cette nuit là.
Elgron était revenu et la prenait dans ses bras, mais ce qui était étrange, c'était combien il avait changé, combien il était différent. C'est en relevant les yeux qu'Armanth s'était rendue compte que ce n'était pas son père. C'était un parfait inconnu, ressemblant quelque peu à un mage aux longs cheveux blancs. Il riait, non, il ricanait.
Il ne s'arrêtait plus de rire et Armanth avait peur, incroyablement peur.
A peine cela se passa t-il que la jeune fille entendit un bruit.
La porte venait de s'ouvrir, violemment. Armanth posa la main sur son arc, posé contre le mur, ou du moins ce qu'il en restait, et chercha à tâtons la bougie. Une fois que sa main rencontra l'objet, elle s'empressa de l'allumer.
Au départ, elle ne vit rien. La bougie n'éclairait guère et l'étranger était dans l'ombre.
Puis, finalement, elle discerna la silhouette imposante qui se dessinait devant l'ouverture.
C'était un homme, sans aucun doute. Sa carrure et sa musculature étaient impressionnante et Armanth ne pu s'empêcher de frissonner.
Ayant connu uniquement Elgron, elle n'avait jamais été confrontée à ce genre de personne car son père adoptif était tout l'inverse de l'homme qui se tenait là.
Car en plus d'être musclé, il avait la peau mate et jamais encore Armanth n'en avait vu.
La jeune femme se redressa sur son lit et s'empara de son arc. Elle le banda et visa avec sa flèche le coeur du jeune homme, les mains tremblantes. Elgron lui avait toujours dit de se méfier des inconnus. Surtout s'ils entrent par effraction chez toi.
En l’occurrence, elle n'était pas chez elle, mais peu importait.

-Qui... qui êtes vous ? demanda Armanth d'une voix rauque.

Elle attendit de voir sa réaction, terrifiée. Elle ne se serait jamais doutée rencontrer quelqu'un en ces lieux, surtout le soir et encore moins dans une cabane abandonnée. Le vent s'engouffra dans la cabane, faisant trembler les cheveux de la jeune fille.

Au loin, Drogon entendit l'orage gronder.
Jamais le jeune adulte n'avait eu peur de l'orage mais pourtant, cette fois ci, il lui procura une sensation étrange qui le fit frissoner.
La jeune fille s'était immédiatement réveillée et s'était emparé de son arc.
Comme si un arc me faisait peur, surtout une gamine comme celle là, songea Drogon.
Un sourire moqueur se dessina sur son visage et une lueur emplit faiblement l'espace miteux.
Elle venait d'allumer une bougie.
La flamme éclairer vaguement son joli minois. Ses cheveux blonds et emmêlés étaient assez loin et son visage était tout simplement magnifique.
Drogon secoua la tête, il ne s'autorisait jamais ce genre de réflexion.
La jeune fille lui demanda qui il était, d'une voix rauque et tremblante et Drogon eut un instant de gêne. Il venait de rentrer dans la cabane d'une fille et belle en plus. Il l'avait dérangée et l'avait apeurée.
Le jeune adulte soupira. Décidément, il était vraiment étrange ce soir là.

-Range ton arc. Mon nom est Drogon, je cherchais un abris.

Après tout, ce n'était pas totalement un mensonge. Il ne mentionnait juste pas le fait qu'il l'ait suivie. Tant qu'elle ne posait pas la question...
Drogon la regarda plus attentivement. Auparavant, il ne s'intéressait que très peu à la beauté des femmes et n'avait partagé son lit qu'avec des prostituées.
Néanmoins, la fille qui se tenait devant lui était une autre histoire.
Il n'avait jamais vu de femme plus belle que celle ci. Il se promit de ne pas la tuer de suite, il devait d'abord en profiter, même s'il était fort possible qu'il ne se passerait rien entre eux. D'un côté, il l'espérait. Il préférait haïr que désirer et cela pouvait parfois le rendre malade.

L'orage gronda. Depuis toujours et jusqu'alors, Armanth aimait l'orage, non plus, celui ci l'émerveillait et lui rendait le sourire. Ainsi, sur le moment présent, elle ne pu s'empêcher d'esquisser un vague sourire mais elle revint vite à la réalité lorsque l'inconnu parla pour lui demander de ranger son arc.
Drogon. C'est ainsi qu'il se nommait. Ou du moins, c'est ce qu'il disait. Peut-être mentait-il et cela n'aurait guère étonné Armanth.
Mais cela ne la dérangeait pas. Un nom était mieux que rien et cela donnait une identité à l'homme qui le rendait déjà presque moins terrifiant.
Sur le coup, la raison qu'il donna à sa présence ici ne la surpris guère. Après tout, les voyageurs existaient et elle n'était probablement pas la seule à chercher un abris pour dormir. Mais à y réfléchir, il y avait une infime chance qu'il ne trouve ce minuscule abris dans une forêt peu habitée et, de plus, au même instant que la jeune dryade.

-Je ne pense pas vous croire, mais peu importe, dit-elle en abaissant son arc sans pour autant le quitter, mon nom est Armanth et je ne rangerai pas mon arc.

Après tout, n'était-il pas en tort ? Ne venait-il pas de la suivre ? Et si ce n'était pas le cas, alors comment avait-il trouvé cet endroit ? Que diable faisait-il ici ?
L'orage gronda de nouveau et Armanth pria pour qu'il ne pleuve pas. Le toit était bien trop en mauvais état pour pouvoir seulement les protéger.

-Est-ce que cela vous dérangerait de partir ? Je n'aimerais pas passer une nuit blanche à cause de vous. A moins que vous ne me donnez une seule raison pour ne pas vous chasser, mais cela risque d'être compliqué, n'est ce pas, Drogon ?

Armanth finit par remarquer qu'il la regardait. Non, il la dévisageait. Avait-elle les cheveux en bataille ? Un nez de travers ? Des yeux globuleux ? Non, apparemment ce n'était pas le dégoût qui se dessinait sur son visage. C'était une toute autre chose, un mélange entre le regard d'Elgron et avec un regard envieux. Désirait-il quelque chose ?